Depuis plusieurs années, la présence d’animaux en contexte thérapeutique suscite un intérêt croissant, tant du côté des professionnels de la santé mentale que des patients. Parmi eux, le chien, compagnon fidèle et intuitif, s’impose comme un partenaire thérapeutique précieux. Bien plus qu’une simple présence rassurante, il devient un véritable médiateur, facilitant l’expression, l’alliance thérapeutique et les processus de transformation psychique. Dans mon cabinet, Nan est la présence canine, accueillante, chaleureuse, bienveillante.
Une relation non jugeante et sécurisante
La première force du chien réside dans sa capacité à offrir une présence inconditionnelle et non jugeante. Contrairement à l’humain, il ne renvoie ni évaluation, ni attente implicite. Cette neutralité émotionnelle crée une zone de sécurité affective qui permet à de nombreuses personnes – enfants, adolescents, adultes ou personnes âgées – de s’ouvrir plus facilement.
Dans une étude publiée dans Frontiers in Psychology (Beetz et al., 2012), les chercheurs démontrent que la simple présence d’un chien peut réduire significativement les niveaux de cortisol, l’hormone du stress, et favoriser la production d’ocytocine, hormone liée à l’attachement et au sentiment de sécurité. Cette réponse biologique contribue à instaurer un climat propice au travail psychothérapeutique.
Une médiation relationnelle puissante
Le chien agit également comme un facilitateur de lien. Dans des situations où la parole est difficile – en cas de traumatisme, de troubles du spectre de l’autisme ou de dépression sévère –, l’animal devient un point d’appui relationnel. Il permet de détourner l’attention de l’entretien direct avec le thérapeute, tout en favorisant une communication indirecte mais significative.
Le psychiatre américain Boris Levinson, pionnier de la zoothérapie, a été l’un des premiers à observer cet effet dans les années 1960. Il raconte comment son chien Jingles, présent par hasard lors d’une séance, avait permis à un jeune patient mutique de s’exprimer pour la première fois. Depuis, de nombreuses études (notamment celles compilées par Fine, 2019 dans Handbook on Animal-Assisted Therapy) ont confirmé l’intérêt de l’animal comme tiers médiateur.
Des bénéfices transversaux à tous les âges
Chez l’enfant, le chien favorise l’engagement dans la thérapie, soutient la régulation émotionnelle et renforce l’estime de soi. Chez l’adulte, il peut aider à réduire l’anxiété, à réactiver le sentiment de lien lors d’échanges plutôt difficiles, ou encore accompagner les personnes souffrantes à expérimenter un attachement sécure. Lors des thérapies de couple, le chien a aussi un rôle naturel de médiateur car il apaise les tensions entre les partenaires. Enfin, dans le cadre du vieillissement, et notamment auprès de personnes atteintes de troubles cognitifs, comme la maladie d’Alzheimer, les chiens jouent un rôle important dans le maintien des capacités relationnelles et émotionnelles (Filan & Llewellyn-Jones, 2006).
Un cadre thérapeutique enrichi
Intégrer un chien en psychothérapie nécessite bien sûr une préparation spécifique : formation du thérapeute, sélection et éducation de l’animal, respect de règles éthiques et de sécurité. Ce cadre structuré permet d’inscrire la présence du chien non comme un simple « plus », mais comme un outil thérapeutique à part entière, intégré dans une démarche clinique rigoureuse. Ce fut mon choix, et les personnes que je reçois, sont très satisfaites de la présence de ma petite chienne. Il arrive qu’elle ne soit pas présente certains jours et la majorité de mes patient.e.s regrettent son absence. Elle apportent réconfort, chaleur, sécurité et beaucoup de tendresse.
La thérapie assistée par l’animal ne remplace pas l’approche psychothérapeutique dite « traditionnelle », mais elle l’enrichit, en mobilisant des canaux sensoriels, affectifs et relationnels souvent peu accessibles par la parole seule. Elle répond à une quête de relation authentique, de résonance émotionnelle et de présence vivante, si précieuses dans notre monde parfois trop abstrait, froid et impersonnel.
Voici Nan, prête à vous accueillir !

Références principales :
- Beetz, A., Uvnäs-Moberg, K., Julius, H., & Kotrschal, K. (2012). Psychosocial and psychophysiological effects of human-animal interactions: The possible role of oxytocin. Frontiers in Psychology, 3, 234.
- Fine, A. H. (Ed.). (2019). Handbook on Animal-Assisted Therapy: Foundations and Guidelines for Animal-Assisted Interventions. 5th ed. Academic Press.
- Levinson, B. M. (1969). Pet-Oriented Child Psychotherapy. Charles C. Thomas.
- Filan, S. L., & Llewellyn-Jones, R. H. (2006). Animal-assisted therapy for dementia: A review of the literature. International Psychogeriatrics, 18(4), 597–611.